Quand Thread and Needles a annoncé son concours sur le thème des voyages, j’ai tout de suite pensé à ma mini jupe imaginaire en wax ; grand écart parfait entre les précieux tissus voyageurs sénégalais et mes envies modettes du moment.
Mais deux choses se sont imposées à moi : le poids encore tout frais des grossesses et les nouvelles enfances à la maison. Depuis qu’ils m’habitent, tous les trois, mes enfants, ma façon de voyager a changé. J’ai toujours la bougeotte, mais elle est plus intérieure, et cette invitation au voyage, je la vis en-dedans, pour moi et par eux. Je ne parcours plus le monde, ou pas trop loin ; mais je le refais, par d’autres chemins.
C’est pourquoi j’ai pensé ce petit manteau d’automne, trouvé dans un livre à la bibliothèque et bidouillé à ma sauce pour Olympe, bondir dans les feuilles mortes en chantant du Prévert/Kosma. Il me fait penser aux vêtements des enfants perdus de Peter Pan, au pays imaginaire. Voyage qui m’a longtemps fait rêver…
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire
Pays caché, entre deux nuages argentés. Qui brillent.
Le lainage gris merveilleusement doux et moëlleux vient du vide-atelier d’Albane Olika, que je ne saurais que trop conseiller aux lyonnaises. La doublure est en Liberty Betsy Ann (j’avais pour unique consigne d’y mettre du « ose », défi relevé). Les petits nuages viennent de chez Madame Mademoiselle. Le patron est tiré du livre « Vêtements à coudre pour petits sauvages », coupé en taille M pour Olympe qui porte du 2/3 ans du commerce (je pense quand même qu’on a de la marge et qu’il nous fera encore deux ou trois bonnes mi-saisons).
Je me suis servie du patron pour l’extérieur du manteau et ai un peu modifié la doublure, je n’ai pas tellement suivi les explications que je trouvais farfelues et n’ai pas utilisé de biais pour assembler l’extérieur et la doublure, j’ai simplifié et ajouté une surpiqure pour bien finir. Pour la fermeture j’ai utilisé trois grosses pressions au lieu des liens prévus, et j’avoue être plutôt très contente du résultat. C’est un parfait petit manteau de mi-saison, qui reste classique mais étonne et égaye par ses longues oreilles et sa capuche museau.
Je vous laisse en musique, voyager encore, et vous invite à admirer les autres réalisations, inspirations automnales, brises encore douces et qui portent.
Ah … Je voulais voir ce petit lapin en détail ! C’est fait ! Merci pour ce moment poétique …
Merci à toi pour le mot doux !
Trop trop beau ce manteau… Et je crois que le mieux, c’est l’étiquette de marque… Tellement poétique !
Je te ferai le même en renard 🙂
Je trouve ce manteau adorable, il va très bien à ta puce. Bravo!
Merci beaucoup ! Je file découvrir ton petit chez toi !
Ce qu’Abel a grandi ! Ce que c’est beau ! Peau d’âne !
Tout est beau, les photos, les enfants, les vêtements, même les doublures, même les étiquettes !
Lui – Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,
Aux frais rayons
Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?…
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d’amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs:
Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l’air ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou :
Riant à moi, brutal d’ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela, – la belle tresse,
Oh ! – qui boirais
Ton goût de framboise et de fraise,
O chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur,
Au rose églantier qui t’embête
Aimablement:
Riant surtout, ô folle tête,
A ton amant !….
……………………………….
– Ta poitrine sur ma poitrine,
Mêlant nos voix
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois !…
Puis, comme une petite morte,
Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
L’œil mi fermé..
Je te porterais, palpitante,
Dans le sentier:
L’oiseau filerait son andante:
Au Noisetier…
Je te parlerais dans ta bouche:
J’irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
Ivre du sang
Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
Aux tons rosés:
Et te parlants la langue franche….
Tiens !… – que tu sais…
Nos grands bois sentiraient la sève
Et le soleil
Sablerait d’or fin leur grand rêve
Vert et vermeil.
…………………………….
Le soir ?… Nous reprendrons la route
Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Tout à l’entour
Les bons vergers à l’herbe bleue
Aux pommiers tors !
Comme on les sent tout une lieue
Leurs parfums forts !
Nous regagnerons le village
Au ciel mi-noir;
Et ça sentira le laitage
Dans l’air du soir;
Ça sentira l’étable, pleine
De fumiers chauds,
Pleine d’un lent rhythme d’haleine,
Et de grands dos
Blanchissant sous quelque lumière;
Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
À chaque pas…
– Les lunettes de la grand’mère
Et son nez long
Dans son missel: le pot de bière
– Cerclé de plomb,
Moussant entre les larges pipes
Qui, crânement,
Fument: les effroyables lippes
Qui, tout fumant,
Happent le jambon aux fourchettes
Tant, tant et plus:
Le feu qui claire les couchettes
Et les bahuts.
Les fesses luisantes et grasses
D’un gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
Son museau blanc
Frôlé par un mufle qui gronde
D’un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
Du cher petit…..
………………………..
Que de choses verrons-nous, chère,
Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire
Les carreaux gris !…
– Puis, petite et toute nichée
Dans les lilas
Noirs et frais : la vitre cachée,
Qui rit là-bas….
Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
Ce sera beau.
Tu viendras, n’est-ce pas, et même…
Elle. – Et mon bureau ?
Merci pour ce long moment de poésie qui lance un petit cinéma plein d’élan à l’intérieur. C’est de qui et d’où ? Toi ?
Et oui tu as vu il faut vite que vous reveniez nous visiter. On viendra peut-être en juillet, vous nous trouverez un bout de coin ? Pour peau d’âne il manque la robe couleur de lune ça ne saurait tarder j’ai de la demande côté princesse 😉
De moi bien sûr ! 😀 Nan de Rimbaud, en fait.
Venez en juillet, prévenez vite des dates, faut qu’on s’arrange pour être là !
J’attends la robe couleur de lune avec impatience.
Ouiiiii ! Alors pour Rimbaud soit Alzheimer me guette, soit je ne l’ai jamais lu, ce qui m’étonnerait… Je dois commencer à valser sur la mauvaise pente, mais merci pour cette belle redécouverte ma Pao.
C’est adorable! Qu’elles sont mignonnes ces petites oreilles et qu’est-ce qu’Olympe les porte bien! A croquer!
Merci Julie ! Oui j’ai adoré ces longues oreilles caressantes pour les petites joues rougies par les premiers matins frais. Olympe l’adore ! Si tu as l’occasion de le feuilleter, ce livre est sympa, parfois un peu sibyllin mais plein de bonnes idées.
Comme ils sont grands tes petits !
Et ce manteau est magnifique ! Un vrai coup de cœur !
Bises à partager
Bises itou, merci pour le mot doux, prends bien soin de vous. Eh oui, ça avance, ça croît, ça croit, encore !
Ah j’adore, c’est trop chou ces oreilles pendantes. Chez moi il y a un débat très vif qui porte sur les lapins : plus mignon avec les oreilles dures ou les oreilles molles ? J’avoue que je craque pour ce lapinou là… *_*
Moi j’aime les oreilles molles… De lapin ou de bébé ou de chat quand tu les caresses et que ça fait comme les tentes 2 secondes en remontant… 🙂
Quel chouette billet! Bravo pour ce beau manteau et toute la poésie qui l’entoure! Tout ça me donne envie de découvrir ton univers!
Merci pour ce mot doux, je file découvrir le tien !
La Grande petite porte la poésie de sa mère sur son dos ou sa tête…
J’adore la voir étirer les oreilles entre ces deux mains menues !
Charmant voyage que le tien !
Et puis, a déroulé en moi ce Baudelaire-là que j’avais dû apprendre par coeur jadis !
La bise De Mars
Des bises sur Mars aussi, merci de suivre encore nos petits cailloux…